Emeline Hamon's profile

Beaugrenelle & Olympiades

Constructions de la fin des années 60, début des années 70, les dalles sont construites dans l’optique de créer de nouveaux quartiers où il serait bon vivre d’y habiter, d’y travailler et d’y circuler. Les architectes (Michel Holley et Raymond Lopez) mettent en place un urbanisme vertical signe d’une image idéale de la ville du futur. Tous les deux, très proches, veulent rompre avec les idées classiques de la ville, ils veulent créer un lieu isolé du contexte urbain. La circulation automobile serait celle des avenues et la dalle serait réservée aux piétons. Ils souhaitent ainsi mettre en place un lieu calme et sécurisée où il serait bon vivre pour les jeunes ménages épris de modernisme. Michel Holley écrit « J’habitais alors une affreuse cour parisienne qui m’a vraisemblablement dégouté de l’urbanisme haussmannien ». Cela explique le désir de changement amorcé par ce genre de construction. La bâtisse de la dalle de Beaugrenelle est amorcée en amont de celle d’Olympiades (entre 1962 et 1978) sous la direction de Raymond Lopez et Henti Pottier, puis repris par Michel Proux à sa mort.  La dalle des Olympiades est un projet dirigée directement par Michel Holley (entre 1969 et 1974) qui avait déjà travaillé sur celle de Beaugrenelle. Ainsi, les deux dalles de Paris résultent d’une volonté tant artistique qu’idéologique. En effet, les architectes souhaitent créer une œuvre architecturale nouvelle et innovante, tout en souhaitant faire de ce lieu l’endroit d’une vie idéale. 
 
A partir de mes recherches, j’ai sélectionné plusieurs citations de Raymond Lopez (dans L’Avenir des villes et Centre Paris) et Michel Holley (dans Urbanisme vertical & autres souvenirs) significatives, pour moi, de la démarche des deux architectes. En me rendant sur les lieux, mon but était donc de rapprocher leurs paroles de la réalité des dalles aujourd’hui. J’ai donc choisi de photographier les dalles sous un certain aspect illustrant de façon tantôt plus illustratives, tantôt plus ironiques, les phrases dites par nos deux constructeurs. L’enjeu était ici de lier texte et image. Les deux éléments forment une sorte de diptyque dans un format panoramique. C’est par leur taille (100 x 40cm) et l’accumulation, l’effet de série, que les images gagneront en intensité. Même si l’image occupe une plus grande partie du diptyque, la citation n’en reste pas lésée. L’une de pourrait exister sans l’autre. Par la forme de la zone de texte, petit cadre horizontal, et son impression sur papier photo, la citation apparaît déjà comme une première image non photographique. Elle est amenée à former par son lien avec ma photographie un ensemble porteur de sens. 
 
L’enjeu n’est pas de faire un constat sur les dalles aujourd’hui, ni chercher à savoir si la construction est une réussite ou non, mais bien de montrer comment une idée peut être interprétée et peut faire sens avec l’état de la dalle à l’heure actuellement. Depuis la création des dalles à la fin des années 60 et aujourd’hui, il est évident que l’idéal souhaité par les deux architectes a du faire face à d’autres phénomènes. Les populations qui s’y sont installées n’étaient pas forcément celles désirées à l’origine, d’autres installations et constructions ont fait face. La dalle a évoluée de son idéal architectural premier. Et c’est cela que j’ai préféré mettre en avant dans mon projet. Il est certain que la citation et la photographie qui s’en accompagne n’illustrent pas toujours le vœu des architectes mais pourrait quand même illustrer leurs dires. J’ai essayé qu’il y ait, dans chacune des photographies, toujours un élément, un détail, qui face encore plus sens et qui relit d’avantage le texte à l’image, qui permette son interprétation. L’ensemble figure un regard sur la dalle, mon point de vue, ma vision de ce lieu aux particularités importantes.
Beaugrenelle & Olympiades
Published:

Beaugrenelle & Olympiades

Archicture Project

Published:

Creative Fields